Philippe Diallo fait de grandes annonces et vise une refonte du football français
Publié le 12 mai 2025 à 19H54La Fédération française de football envisage la suppression de la LFP au profit d’un modèle de gouvernance inspiré de la Premier League, en réponse à une crise économique sans précédent.

Le football professionnel français est à l’aube d’une transformation radicale. Confrontée à une situation financière alarmante, la Fédération française de football (FFF), sous l’impulsion de son président Philippe Diallo, prépare une réforme en profondeur. Au cœur du projet : la disparition de la Ligue de football professionnel (LFP) et la mise en place d’une nouvelle entité dotée d’une gouvernance repensée. En conférence de presse aux côtés de la ministre des Sports Marie Barsacq, le premier responsable du football tricolore a fait le point sur cette grande réforme en préparation : « C’est un projet de rupture avec l’organisation actuelle du football professionnel »
La réforme prévoit la création d’une société commerciale rassemblant l’ensemble des clubs professionnels, avec le soutien du fonds d’investissement CVC, déjà actionnaire à hauteur de 13 %. La FFF conserverait un droit de regard grâce à une action préférentielle assortie d’un droit de veto. « Dans la LFP, il y a un président élu (Vincent Labrune, NDLR). Dans la future société commerciale, il y aura un directoire de professionnels qui seront des mandataires, nommés et révoqués par les clubs. Donc on sort d’un système électif pour passer à un système de nomination des dirigeants », a expliqué Diallo.
La FFF va avoir « un droit de véto »
Ce nouveau cadre entend rompre avec le système électif actuel, jugé peu représentatif. Une approche plus proche du modèle britannique, centrée sur l’efficacité managériale et la valorisation de l’image du football français. Cette refonte intervient dans un contexte de forte turbulence. Le football français fait face à une chute vertigineuse de ses revenus télévisés, estimés à 300 millions d’euros aujourd’hui, loin du milliard escompté. À cela s’ajoutent le piratage massif des diffusions, une perte de visibilité à l’international et une image ternie.
Selon les estimations de la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG), le déficit cumulé des clubs oscille entre 1,2 et 1,3 milliard d’euros. Plusieurs pourraient se retrouver en cessation de paiement dès l’été. « Dans le projet nouveau, la fédération va se doter pleinement des moyens d’exercer ces missions. D’abord en étant au capital de la société commerciale future, sous la forme d’une action préférentielle, à laquelle sera attaché un droit de véto sur un certain nombre de questions d’intérêt général. Par exemple, on ne pourra pas changer le format de la compétition, sans que la fédération puisse donner son accord », a ajouté le président de la FFF.
Outre la nouvelle gouvernance, plusieurs pistes sont envisagées pour restaurer la compétitivité et la viabilité du football hexagonal : plafonnement de la masse salariale, limitation des effectifs, redistribution plus équitable des droits audiovisuels, et encadrement renforcé de la multipropriété des clubs. Le projet s’appuie sur une proposition de loi défendue par les sénateurs Laurent Lafon et Michel Savin. Le texte doit être examiné au Sénat le 10 juin, avec un vote attendu d’ici fin 2025. Si le calendrier est respecté, la réforme pourrait entrer en vigueur dès la saison 2026-2027. En attendant, des mesures transitoires sont à l’étude pour éviter des faillites en chaîne.