Robert Pirès : « J’ai grandi avec Panini »

Publié le 30 janvier 2025 à 20H07

Fou de la première heure des vignettes et des albums Panini, qui fêtent cette année leur cinquantième anniversaire, le champion du monde Robert Pirès revient sur sa vie de collectionneur, alors enfant, avant d’avoir ensuite le plaisir d’écrire à sa manière l’histoire du célèbre éditeur italien.

Robert Pirès, qu’évoque Panini pour vous ?
C’est beaucoup de souvenirs. Comme ceux de ma génération, j’ai grandi avec Panini, j’ai grandi avec l’album et les vignettes. Quand j’étais petit, ce n’était pas l’objectif. Je n’ai jamais imaginé – même si c’était mon rêve d’être footballeur professionnel – faire partie de cet album. J’ai signé ma première licence de football à sept ans dans un petit club de quartier rémois : le Reims Sainte-Anne Football. Le fait d’être là aujourd’hui, de fêter les 50 ans de Panini, ça rappelle de très bons souvenirs.

À vos parents aussi on imagine…
Non, pas vraiment (rires). Je sais que ça a été un vrai budget pour eux. Pardon du terme mais je les ai fait chier pour qu’ils m’achètent cet album, pour avoir des vignettes. Et surtout, c’est un engrenage parce que tu veux un joueur, une équipe puis tu veux terminer l’album. Au final, ceux qui passent à la caisse, ce sont les parents. Il y avait ça, il y avait les chaussures de foot aussi… À l’époque, je ne m’en rendais pas compte mais aujourd’hui, avec le recul, ça a été un vrai sacrifice pour eux. Quoi qu’il arrive, j’en suis reconnaissant. Je sais qu’ils ont dépensé beaucoup d’argent avec l’album Panini.

Comment aviez-vous découvert Panini ?
À l’école. Quelqu’un avait l’album et avait envie d’échanger des joueurs car il avait une vignette en double, ça m’a inspiré. Je jouais au football en plus, c’était un moyen de me transporter dans le monde professionnel, parce que c’était des joueurs qui me faisaient rêver. Celui que je voulais avoir absolument, c’était Alain Giresse. Il m’a fait rêver, comme toute la génération 1984. On parle toujours de Michel Platini, c’est normal, parce que c’était le meilleur joueur français, mais il y en avait d’autres comme Giresse, Tigana, Fernandez… Quand tu as dix ans et que tu veux avoir la vignette Alain Giresse, c’est pas mal ! On était en 1983, ça remonte à loin (rires).

Les vignettes de Robert Pirès, vous en avez beaucoup ?
J’en ai eues ! Pour être honnête, je n’en ai gardé aucune parce que je n’ai pas pensé, parce que l’on n’imagine pas que celui puisse être encore collector. Et puis parce que tu passes comme le temps. Et puis, ça va vite. Tous les ans, il y a un album qui sort avec de nouveaux joueurs. Il y a des changements de joueurs, d’entraîneurs, de présidents, il y a un renouvellement des arbitres, il y a les femmes… Effectivement, je n’ai pas pensé à garder mes vignettes. Quand j’ai vu pour la première fois ma vignette dans l’album Panini, évidemment que j’étais très fier.

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Qu’est-ce que ça fait quand on a été collectionneur de posséder ensuite sa propre vignette et d’être dans plusieurs albums ?
J’étais très, très content. Je ne m’étais jamais imaginé être dans l’album Panini. Comme je ne m’étais jamais imaginé jouer pour l’équipe de France. Ce sont des rêves, tu as envie qu’ils se réalisent mais disons que, quand tu as sept ans comme moi à l’époque, avoir une collection, c’était… Mes parents ont fait beaucoup de sacrifices et quand ils ont vu que j’étais dans ce fameux album, que j’avais à l’époque, ils étaient extrêmement fiers.

Voyez-vous cela comme la concrétisation de quelque chose en somme ?
Oui oui. C’est un rêve qui s’est réalisé par rapport à ce que je faisais sur le terrain, peut-être aussi par rapport à Panini. Peut-être que j’avais envie d’être à la place des joueurs que je collectionnais. Et quelques années après, j’ai signé professionnel au FC Metz puis l’aventure commence là, dans ce milieu et avec Panini.

Didier Deschamps a annoncé qu’il achèverait son mandat de sélectionneur en 2026. Comme beaucoup de personnes, êtes-vous tombé de votre chaise en l’apprenant ?
Non, pas vraiment. On savait tous que ça allait se terminer un jour ou l’autre. Son contrat se termine en 2026, je ne pense pas qu’il avait envie de continuer, parce que ça fait longtemps qu’il est en place. Il a tellement apporté au foot en tant que joueur et sélectionneur. Il a gagné même s’il a aussi perdu, ça fait partie du jeu. Je n’ai pas tellement été surpris. Je voudrais juste lui dire merci par rapport à ce qu’il a fait. Il y a toujours des débats à propos d’un joueur, d’un entraîneur, d’un sélectionneur. On aime ou on n’aime pas, ce n’est pas grave. Quand on fait le bilan, je pense qu’il est plus positif que négatif. Oui, on peut parler de la manière dont joue l’équipe de France mais au final, personne n’oublie ce qu’il a fait, ce que les joueurs ont fait, les émotions ressenties. Tu ne peux pas gagner à chaque fois. En 2004, on a perdu contre la Grèce, nous n’avons pas été bons. Lui, il assume quand il y a une défaite. Selon moi, il ne faut pas tout jeter comme certains peuvent le faire. Il faut le remercier lui, et son staff.

Si Zinédine Zidane prend sa suite, vous, les champions du monde 1998, ressentirez-vous de la fierté ?
Oui oui bien sûr. Il y a toujours des gens mécontents, qui vont dire que les champions 1998 prennent le pouvoir. Non. On a une certaine légitimité, un certain vécu, un certain « pouvoir » sur le football et justement, il faut s’appuyer là-dessus. On s’est appuyés sur Laurent Blanc et sur Didier Deschamps. Aujourd’hui, peut-être que dans un avenir proche, ça sera autour de Zizou. Personnellement, je le souhaite alors que d’autres ne le souhaitent pas. Encore une fois, on peut ouvrir le débat. Aujourd’hui, on parle de 1998. Dans quelques années, on parlera peut-être de 2018. Aujourd’hui, le football professionnel et le football amateur doivent s’appuyer sur ce que l’on a fait, parce que l’on a beaucoup d’avantages mais bien sûr des défauts aussi. En tout cas, l’avantage que l’on a, c’est que l’on connait le haut niveau et que l’on sait ce que ça veut dire de gagner une grande compétition.

À propos de l’auteur
Aurélien Canot

Aurélien Canot

Dingue de sports, je me suis naturellement orienté vers le journalisme sportif. Féru d'actualité, j'adore par ailleurs mettre mon nez dans les coulisses du sport pour vous faire découvrir sa face cachée. Ex-membre de Sporever estampillé 365 de la tête aux pieds.