Tir à l’arc : Monsieur Oh, le coach qui a bousculé les habitudes des Français
Publié le 14 avril 2025 à 08H25 - mis à jour le 14 avril 2025 à 08H54Connu pour ses précédents succès avec l’équipe nationale sud-coréenne, l’entraîneur Oh Seon-Tek a apporté une nouvelle dynamique au sein du tir à l’arc français. Après des Jeux Olympiques historique, Sport en France s’est rendu à l’INSEP pour en savoir un peu plus sur les secrets d’une telle réussite.

La Fédération Française de tir à l’arc a vécu des Jeux Olympiques de Paris 2024 historique. Le temps d’un été, Lisa Barbelin, Thomas Chirault, Baptiste Addis et Jean-Charles Valladont ont mis la lumière sur un sport peu médiatisé en France. Avec deux médailles au compteur (une en argent par équipes chez les hommes, une en bronze chez les dames) jamais la fédération française de tir à l’arc n’avait en effet vécu de tels jeux Olympiques. « Ce n’était jamais arrivé au sein de la fédération. Ça met encore plus en avant le tir à l’arc et ça nous a permis de voir le tir à l’arc comme un sport fun qui permet de transmettre des énormes émotions », se réjouit Julien Mégret le président de la FFTA. « On a plus de 10% de licenciés grâce à l’Olympiade. Donc tous les voyants sont au vert. » Et les raisons d’un tel succès pourraient presque se résumer à la présence d’un seul homme : Monsieur Oh, arrivé en février 2022 en tant qu’entraîneur principal. Une pointure dans le monde du tir à l’arc qui a notamment mené avec succès l’équipe nationale sud-coréenne au JO de Sydney en 2000 et Londres en 2012. « C’était la bonne personne en tout cas pour donner de la crédibilité à un virage à 90° de ce qu’on faisait avant », estime Thomas Chirault médaillé d’argent par équipes à Paris cet été. « On a ramé au début pour vraiment mettre en place tout ça, mais aujourd’hui on arrive au moment où on peut profiter au maximum de se savoir de cette méthode et de ce cadre qui est mis en place. C’était compliqué au début, pour la barrière de la langue, pour le projet qui était complètement opposé à ce qu’on faisait avant. »
Un constat partagé par son coéquipier, Baptise Addis également médaillé à Paris : « Monsieur Oh a dit que c’étaient minimum 400 ou 500 flèches par jour avec des pics à 600 l’hiver. Il a amené ce côté volume, cette rigueur et tout cet aspect technique qu’il y a autour sur le côté relâchement. » À l’Insep, sur le pas de tir du Centre Sébastien Flute, Monsieur Oh, observe en retrait les archers en l’entrainement, n’hésitant pas à l’aide de son traducteur a prodigué quelques conseils. Avec un objectif clair depuis son arrivée : combler le retard des archers français sur les coréens, véritable leader sur la scène internationale. Une tache loin d’être facile. « Ce que je veux ce sont des archers forts en compétition. Si des archers sont très forts à l’entraînement mais en difficulté pendant une compétition, c’est que la méthode n’est pas bonne », explique Monsieur Oh. « On s’entraîne tous les jours pour y arriver mais la situation entre les deux pays concernant le tir à l’arc n’est pas tout à fait la même. En Corée, il y a des équipes de professionnels, des business teams avec de gros budgets. Les archers ne font que ça et ils s’entrainent tous les jour, très tôt le matin jusqu’à très tard le soir. En France, les archers sont étudiants, au collège ou au lycée ou bien ont un travail. Ce n’est pas forcément favorable pour un entraînement optimal mais je m’adapte, je respecte ce fonctionnement et je le comprends. Mon travail c’est aussi de faire le point sur chaque situation avec la fédération et les coachs pour trouver les meilleurs aménagements. »
Symbole de cette réussite, Baptiste Addis, un des paris de l’entraîneur coréen. Inconnu deux ans avant le début des Jeux de Paris, il incarne aujourd’hui à 18 ans la relève victorieuse du tir à l’arc français. « Les Jeux de 2024, n’était pas du tout dans le viseur. Sans Monsieur Oh, je pense que rien ne se débloquait », estime le jeune homme de 19 ans médaillé d’argent par équipes cet été à Paris. En Pôle espoir, il n’y avait rien de transcendant, rien d’incroyable. En rentrant à Bordeaux, au Pôle France, les 3-4 premiers mois, c’était assez dur. Franchement, il n’y avait pas grand-chose à voir. J’étais vraiment dans le dur. Et après, je me suis donné à fond. J’ai travaillé avec un objectif assez élevé. Et là, c’est en sortant en février à Bordeaux, pile-poil quand je commence à être fort, où Monsieur Ho a fait exploser la chose. Il a dit on a deux ans, une nouvelle technique. J’ai changé de technique mais ça restait dans mes valeurs et dans ce que je ressentais dans le tir à l’arc et après ça a été une question de travail acharné, de mental. »
Un pari gagnant qui pousse aujourd’hui Julien Mégret le président de la FFTA à élargir le champ d’action de l’entraineur coréen : « On veut qu’effectivement il y ait un double projet pour M.Oh. Qu’il reste toujours sur le très haut niveau, on va dire, en tant que head coach et puis qu’l se penche également sur la partie formation pour en tirer une nouvelle méthode fédérale qui ruissèlerai jusque dans nos clubs du coup. » Si les deux parties sont d’accord pour poursuivre la collaboration, quelques détails contractuel sont à régler pour poursuivre jusqu’à Los Angeles 2028. « On a envie qu’il reste avec nous », indique Julien Megret. Il faut que la croisée des chemins se fasse correctement, on discute avec l’ANS. On discute du côté des élus avec la fédération parce que tout ça c’est des financements qu’il faut arriver à mettre en place et à trouver. Donc du coup, voilà, la volonté elle est là, maintenant il faut qu’on arrive à mettre tout ça en musique pour valider tout ça ensemble. »
Découvrez cet reportage ainsi que les autres vidéos de la série « Esprit Sport » sur Sport en France.
La chaîne TV Sport en France est accessible gratuitement sur : Orange (174) | Bouygues (192) | FREE (190) | SFR (129) | CANAL+ (78 ou 109 et via myCANAL) | Molotov | MyTvchain | Samsung TV | Twitch | Youtube | Dailymotion | Application Mobile : App Store & Google Play | Hors réception satellite