Escrime – Sabre : Les confidences de Manon Apithy-Brunet
Publié le 11 octobre 2024 à 18H44 - mis à jour le 11 octobre 2024 à 18H46Sacrée championne olympique en individuel au sabre lors des Jeux Olympiques de Paris 2024 cet été, Manon Apithy-Brunet travaille énormément avec son préparateur mental Stéphane Limouzin. De ces nombreux échanges ont découlé beaucoup de cahiers et de fiches de travail sur lesquels peut s’appuyer la Française. Dans l’émission Sports Stream, ce vendredi sur la chaîne Sport en France, la sabreuse a dévoilé tout ce qu’elle avait écrit (et lu) avant l’événement.

La préparation mentale a changé la vie de Manon Apithy-Brunet. Submergée par les émotions depuis le début de sa carrière, la sabreuse française sacrée championne olympique pour la première fois cet été lors des Jeux Olympiques de Paris 2024 s’appuie depuis six ans sur Stéphane Limouzin avec qui elle travaille et échange énormément. La Lyonnaise a notamment appris à beaucoup écrire avec son coach mental. Cela a encore été le cas lors de ces Jeux qui avaient donné lieu en sabre à une finale franco-française chez les femmes. Ce vendredi, sur le plateau de Lucien Jahan dans le cadre de l’émission « Sports Stream » de la chaîne Sport en France, la médaillée d’or a levé le voile sur toutes ces phrases qu’elle avait notées et qu’elle a relues méticuleusement jusqu’au jour J, au lendemain d’une ultime séance de visionnage. Plus exactement, si celle qui a joué un vilain tour sur la dernière marche à sa compatriote et amie Sara Balzer a griffonné jusqu’à « dix-quinze bouquins » à l’entendre, c’est sur une fiche bâtie avec son préparateur mental qu’elle a pu s’appuyer pour conquérir ce premier sacre aux Jeux, mais pas sa première médaille, puisque l’escrimeuse de 28 ans avait quitté Tokyo trois ans plus tôt avec le bronze autour du cou.
Apithy-Brunet : « J’ai relu toutes ces petites phrases dans la chambre d’appel »
« On avait fait le travail en amont. C’est à dire qu’on avait créé la fiche avec laquelle j’allais aller et j’ai relu toutes ces petites phrases dans la chambre d’appel », a d’abord révélé la championne olympique, avant de revenir en détails sur tout ce qu’elle avait inscrit sur la fiche en question. « Il y avait un gros cœur rouge très kitch pour me dire : vas-y avec ton cœur, car c’est ta passion. Il y avait écrit : « t’es une guerrière ou une panthère », un truc pour me mettre un peu dans l’agressivité. Il y avait écrit aussi « t’aimes ce que tu fais ». Il y avait aussi un triangle de focalisation qui veut dire qu’en face de toi, tu n’as pas une personne mais juste un adversaire avec un jeu. » Le plus important de la thérapie menée avec son coach mental repose en effet sur cette nouvelle capacité qu’à Apithy-Brunet à ne plus voir la sabreuse qui lui fait face comme ce qu’elle est ni comme ce qu’elle vaut mais juste comme un bras avec une arme.
Libérée des pensées parasites et des… arbitres
Une stratégie qui a payé dès les quarts de finale (« quand je prends la Grecque, que je n’avais battue qu’une fois dans ma carrière et que j’avais même nommée bête noire pour moi, je suis arrivée à me dire quand j’arrive sur la piste : « oui, c’est la Grecque, mais je m’en fiche, je vais me battre ») puis plus tard en finale. « J’ai oublié que c’était Sarah en fait ». Désormais, rien ne semble plus pouvoir arrêter « MAB ». Pas même les pensées parasites, qui l’avaient pourtant longtemps traumatisée. « Elles arrivent, tu ne peux pas les contrôler. En revanche, tu peux reprendre ton cerveau en main et ne pas rester bloqué sur la touche d’avant ». Stéphane Limouzin a également appris sa protégée à ne plus se laisser paralyser par l’arbitrage. Il partait pourtant de loin. « Les arbitres me font peur. Stéphane m’avait dit que comme moi sur la piste, les arbitres font du mieux qu’ils peuvent (…) Ca m’avait un peu détendue ». Ex-grande émotive, l’épouse de Bolade Apithy ne l’est plus non plus aujourd’hui. « J’ai appris à connaître toutes ses émotions et à vivre avec (…) Maintenant, j’ai besoin de lâcher deux larmes de panique, mais une fois qu’elles sont lâchées, j’envoie. »